Journée de prise en main des attelages et des chiens sur une grande boucle de 25 km entre sentiers de forêts et nombreux lacs gelés.Réveil très matinal, vers 5h du fait du décalage horaire et premières photos au lever du jour de notre camp de base et des Malamutes. Chalet rustique mais confortable. Il fait -16 degrés avec une belle lumière malgré un temps couvert. Premier étonnement de voir les chiens dormir dehors alors qu'ils ont une niche.
Premiers échanges avec nos compagnons d'expédition avant un premier super petit déjeuner fait de pancakes XXL accompagnés de sirop d'érable et de confiture de bleuets (proche de la myrtille). Pour démarrer, briefing vidéo pour nous enseigner quelques rudiments, notamment les distances de sécurité, les freins, l'ancre, le harnais, ... Ça semble simple en ... théorie !
Nous voilà prêt pour essayer nos habits grand froid, veste, bottes, moufles ... On a très chaud ! Normal on est à l'intérieur ... Au final, nous avons une sous couche en mérinos (haut et bas), une polaire, un pantalon de ski et notre veste, sans oublier le passe montagne, un bonnet, deux paires de sous gants. Enfin, nous sommes prêts pour un premier contact avec la meute qui piaffe d'impatience après 5 jours sans sortie.
Jimmy notre guide est très pro, jeune mais très aguerri aux conditions extrêmes.Le départ est un moment fort avec des chiens impatients de "travailler". Le contact est tout de suite positif, aucune appréhension des mushers en herbe malgré la taille et le poids de certains d'entre eux. Ils aiment le contact et sont très voire trop affectueux. Premier défi, poser le harnais ! Les jaunes pour les gros gabarits, les verts pour les danseuses du Bolchoï (fin et racé) et les bleus pour les autres (une majorité).
La meute est composée de Malamutes, d'Alaskan et d'Esquimaux canadiens. Les Malamutes sont très puissants et sont positionnés près du traineau, les Alaskans sont plus fins et positionnés en tête.
Un chien de tête est en général un chien concentré qui obéit aux ordres du Musher et qui suit fidèlement le traineau qui le précède. Les autres sont de vraies locomotives qui ne pensent qu'à tirer tout droit sans "réfléchir" ou presque.Il nous faut comprendre que ces chiens ne sont pas des "toutous" malgré leur gentillesse et leur affectation, ce sont des chiens d'une meute, prêts à bondir pour en découdre avec leurs congénères, un regard, une proximité, et ... c'est la guerre ! Grognements, bagarres, coup de crocs, c'est soudain et violent ! Nous apprenons très vite à être vigilant pour ne pas les placer trop près les uns des autres.
Après 30 minutes de préparatifs, nous voilà parés pour un premier départ. L'excitation est à son comble, les chiens aboient à tue-tête et rien ne peut les calmer si ce n'est de partir. Un vacarme assourdissant (30 chiens), l'adrénaline monte, nous sommes fébriles et peinons à retenir nos traineaux malgré l'ancre et le frein écrasé des deux pieds. Malgré la température, nous avons chaud.
Et puis le départ est lancé, les chiens se taisent instantanément, le silence se fait, juste troublé par le bruit des patins du traineau sur la piste (trail). Nous évoluons dans un paradis blanc au son cotonneux. Les premiers 200 mètres sont avalés en quelques secondes et malgré la vitesse, la position sur le traineau est étonnamment confortable. Il faut apprendre tout et très vite sous peine de tomber. On oublie tout et on se fie à nos sensations et notre instinct pour faire contre poids dans les virages, les chiens coupent au plus court et il faut balancer le corps à l'extérieur du traineau pour garder la trajectoire et ne pas percuter un sapin. C'est chaud et forcément on se rate ! Il faut alors tirer en arrière le traineau pour le dégager tandis que les chiens continuent à tirer tout droit. C'est épuisant mais on finit par se dégager du piège ... Vient ensuite le chemin en devers au bord d'un lac qu'il faut négocier en souplesse sous peine de basculer, les premiers mètres se passent pas trop mal jusqu'au moment où tout bascule pour Flo (qui "ouvre le bal" derrière le musher) et Olivier (par solidarité). On se retrouve dans la poudreuse jusqu'aux hanches, impossible de reprendre appuis, traineau renversé, les chiens aboyant ... Grosse galère ! Il nous a fallu nous allonger et "nager" pour sortir de la poudreuse avant de redresser tant bien que mal le traineau et repartir. 10 minutes (au moins) de solitude !
Nous poursuivons sur un terrain accidenté parsemé d'embûches avec des arbres qui barrent la route et qu'il faut contourner en se pliant en quatre pour passer dessous ! A ce jeu-là, on se prend des branches et on perd son bonnet, heureusement récupéré par les suivants.
Cette première journée nous apprend les rudiments et nous confirment qu'il va falloir être attentifs pour le reste du séjour.
Le froid est présent mais supportable (-10 dans la journée).
Le midi, premier feu, nous ramassons des écorces de bouleaux pour allumer le feu et apprécions des croque-monsieur réchauffés, noircis par les flammes.
20 minutes plus tard, nouveau départ ! Aussi chaud que le matin, la pause a regonflé nos attelages, ils sont d'attaque !
Fin d'après-midi difficile, certains chiens ne tirent plus vraiment pour nous tester (?) et il faut pousser dans les pentes pour certaines tandis que d'autres freinent sans cesse pour éviter de percuter le traineau qui précède. Nous voilà de retour au camp de base vers 16h.
Il faut maintenant déharnacher les chiens, les raccompagner un à un à leurs niches respectives, les féliciter et les nourrir. Nous leur distribuons la soupe faite d'eau et de croquettes mélangées, suivi d'un bloc de viande congelé sur lequel chaque chien se jette avec plaisir ...
Après cela, repos et douche chaude (la dernière !). Premiers échanges entre nous sur ce qu'il faut faire ou plutôt sur ce qu'il faudrait éviter. On est plutôt satisfaite de nous (même pas peur !)
. Un grand moment. 
Demain, nous partons pour 5 jours en itinérant avec nuits en refuge, sans eau courante, ni électricité. Une nuit est prévue sous tente, "coupés" du monde. 5 jours d'aventure, une quarantaine de kilomètres quotidiens pour des étapes de 5 à 7 heures. Belles conditions météo prévues avec une chute des températures (~ - 24 la nuit). Les prochaines photos certainement vendredi soir donc.